Que ce temps est dur, attends-moi :
nous allons le vivre avec plaisir.
Donne-moi ta toute petite main
nous allons monter et souffrir,
nous allons éprouver et sauter.
Nous sommes à nouveau le couple
qui a vécu dans des endroits hirsutes,
dans des nids âpres de roches.
Comme ce temps est long, attends-moi
avec un panier, avec ta pelle,
avec tes chaussures et ton linge.
À présent nous nous sommes nécessaires
non seulement pour les oeillets,
non seulement pour chercher le miel :
nous avons besoin de nos mains
pour laver et faire le feu
et que le temps dur ose
défier l’infini
de quatre mains et de quatre yeux.
Pablo Neruda, Avec elle.